Cayenne le, 18/03/2017
A
Monsieur le Président de la République française
Palais de l’Elysée
Paris – France
Objet : Rétrocession de 200 000 ha de forêts primaire pour la biomasse en Guyane.
Monsieur le Président,
Nous prenons acte de l’annonce faite en votre nom par Madame la Ministre de l’énergie, de la mer et de l’environnement de la décision de rétrocéder 200 000 ha de forêts primaires pour la biomasse en Guyane, ceci en relation avec le méga projet minier porté par Northgold.
Vous avez volontairement omis d’indiquer que nous devrions être consultés en tant que peuples autochtones de ce territoire et ce, en violation de notre droit au consentement préalable en connaissance de cause.
Nos peuples préservent les forêts en qualité et quantité, mais nous sommes spoliés de nos droitsterritoriaux. Les forêts que nous avons en gestion ne sont pas décimées, mais l’administration de l’Etat ne nous reconnait aucune garantie imprescriptible liée à la terre.
Par contre, les spéculateurs, de toutes sortes qui détruisent les forêts et qui contaminent nos sources d’eaux douces, ont droit à d’importantes terres pour déforester définitivement.
Nous exigeons donc, des clauses de sauvegardes et des conditions pour la rétrocession des 200 000 ha de forêts qui nous impactent directement ou indirectement pour des intérêts économiques externes.
Nous demandons sur le domaine de l’Etat une compensation en surface égale de 200 000 ha en faveur des peuples autochtones et Bushinengé de Guyane. Par ailleurs, la restitution des terres ancestrales doivent faire l’objet d’un programme de cartographie opposables aux schémas de planification actuellement néfastes pour nos modes de vies. Ceci doit se faire avec les autorités coutumières porteuse des savoirs, de la mémoire collective et de l’intégrité culturelle de nos peuples, accompagnés de scientifiques issue de nos communautés et des observatoires qui font un travail d’inventaire des empreintes historiques de nos
peuples autochtones et Bushinengé comme consacré par la convention de l’UNESCO sur le patrimoine matériel et immatériel ratifié par la France.
De plus des surfaces dans les 200 000 ha octroyés aux collectivités de Guyane doivent être également attribuées aux agro forestiers autochtones à titre gratuit et exemptés de taxes.
Qu’une compensation économique et financière doit être accordée aux peuples autochtones de Guyane vers un fond fiduciaire en contrepartie de l’empreinte carbone de la déforestation de la biomasse.
Nous réitérons un moratoire et une suspension du méga projet minier de Northgold et les exploitations pétrolières dans les eaux guyanaises.
D’autant plus que nos peuples sommes également gardiens des écosystèmes côtiers, dont des forets de mangrove et, des aires protégés (réserves nationales) sont également transposés sur nos terres et côtes maritimes ancestrales. Nos mangroves absorbant près de 1000 T de CO2/ ha.
Nous sommes donc étonnés qu’aucune mention des peuples autochtones n’apparaisse dans la déclaration de Cayenne relative à la convention de Carthagène qui doit répondre à trois objectifs :
La préservation des habitats et des espèces en danger (nous sommes les gardiens des tortues marines entres autres...)
Lutte contre les pollutions terrestres et déversés dans la mer : cas des déchets miniers, des plastiques venant des villes transfrontalières, Guyane / Suriname / Guyane / Brésil. Et le risque d’une catastrophe par les pollutions de pétrole offshore sur nos côtes mais aussi sur l’ensemble des côtes du plateau des Guyanes.
Encore une fois, nous constatons des contradictions importantes, des réinterprétations erronées venant des institutions locales et nationales sur la question de nos droits fondamentaux.
Sur l’application de la loi de l’égalité réelle en Guyane, et notamment des prèrogatifs du grand conseil coutumier, nous vous demandons d’arbitrer pour la création d’un établissement public traitant des partages des avantages et bénéfices issues de l’exploitation du patrimoine génétique issue de nos terres et eaux ancestrales sous l’égide du grand conseil coutumier et ce, sans ambiguïté, car la question de la plateforme des systèmes de savoirs des peuples autochtones et leurs enjeux sont considérables aussi, bien dans l’accord de Paris sur le climat, que le protocole de Nagoya de la convention sur la diversité biologique entres autres et ne peuvent être otage d’aucune spéculations politiques .
Nous demandons une participation égale avec la représentation française au sein de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle traitant des questions des systèmes de savoirs des peuples autochtones pour pourvoir une cohérence au bénéfice de nos droits fondamentaux.
Nous vous demandons d’accréditer nos représentants au sein de la délégation française participants dans les conférences de parties de la convention sur le changement climatiques et sa mise en œuvre et ce, dès les prochaines sessions de la COP 23.
Concernant la question de l’insécurité permanent liés à l’orpaillage clandestins, nos autorités Bushinengé avec les autorités Wayana ont exprimés encore une fois la demande d’œuvrer avec l’Etat à la régulation transfrontalière vers la frontière Suriname / Guyane française, à ce titre nous vous informons de la tenue d’une assemblée coutumière ( Krutu) durant les mois qui viennent pour définir cette vigilance coutumière sur cette question de contamination des écosystèmes et d’atteinte à la santé de nos population sur le haut Maroni.
Nous ne pouvons continuer à accepter des violations flagrantes de nos droits inscrits dans les conventions et traités pertinents ratifiés par la France et consacrés par la jurisprudence internationale.
Nous sommes certains que l’Etat de tutelle, dont vous avez la gouvernance saura être à l’écoute des plus vulnérables.
Nous demandons encore à l’Etat de tutelle, la France de garantir nos droits.
Nous restons à votre disposition pour toutes auditions inhérentes à nos demandes.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, nos salutations respectueuses.
Le Président
M. Jocelyn Roger THERESE